Jour 1

Il fait beau. 

J'ai ouvert la porte et un lézard a pointé le bout de son museau sortant d'une jardinière fleurie pour saluer le soleil avec moi.
Je me suis assis, une tasse à la main, tendant le bout des doigts vers lui et je me suis surpris à sourire légèrement lorsque je me suis rendu compte que loin de me fuir, il dardait sa langue bifide vers moi comme pour goûter l'odeur de mon éveil. 

Il fait beau.

Le soleil est brûlant sur ma peau, ses éclats dorés mordorent l'atmosphère et ouvrent la nature qui m'entoure.
Dans le ciel un couple de tourterelles s'amuse à offrir des sifflets à ceux qui sortent, comme des pincées de bonheur qu'ils jetteraient à tout vent pour qu'elles se distillent dans l'air.
Puissant sortilège aux risques de tempête qui imprègne ce trop lourd pastel qui me surplombe.

Il fait beau.

En bas, dans la cuisine, j'entend ma mère qui chante un air de musique africaine en cuisinant.
Elle a retrouvé le sourire en apprenant que les soucis qui la tracassaient à propos de sa mère n'avaient pas lieu d'être; que mon aïeule se portait comme un charme une nouvelle fois et que quelques jours de surveillance suffiraient amplement à remettre la vieille peau tyrannique sur pied. 

Il fait beau. 
Mais c'est un ciel d'orage qui m'emplit.